« Attention mesdames et messieurs, dans un instant » ça y est, vous y êtes, dans un cirque coloré, festif, la musique vous assourdit et vous attendez comme un enfant de voir quelle merveille vous donnera à voir le prochain numéro. Et pourtant, vous n’avez toujours pas compris le précédent ! Comment ce funambule tenait-il sur ce fil ? Comment peut-on dresser un lion à faire ça ? Mais où est passé le lapin du chapeau ? Tout cela semble si facile ! Et toute cette musique, ces couleurs, ces lumières, nos sens sont submergés et le cerveau ne parvient pas à réconcilier toutes ces informations. Alors nous entrons dans cet état de rêverie, de fascination. 

 

            Et pourtant, nous le savons que ces numéros ont demandés des heures de travail, qu’il y a un truc dans ce tour de magie. Mais l’illusion est là, l’illusion de fluidité, de facilité, de légèreté. Dans ce chaos de musique, de lumière et des vêtements bigarrés, tout semble si spontané, si naturel. Le cirque n’est pas un sujet nouveau en art, Seurat ou Calder ont également travaillé dessus, mais loin de nous apporter des réponses, leurs œuvres nous fascinent et nous font retomber en enfance. 

 

            Finalement, le cirque dans ces illusions, dans son joyeux désordre n’est-il pas le remède à une autre illusion ? Celle de la vie adulte: nous avons l’impression de tout contrôler, de tout comprendre, mais en réalité, nous sommes simplement des enfants au cirque, à contempler le spectacle sans en comprendre les ficelles.

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SAB

Extrait du livret de l'exposition "Donner à voir" 2015

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