La ville - espace pensé, réfléchi, organisé - est l’artificiel par excellence et pourtant, cet espace, lorsqu’il atteint des proportions inhumaines devient tout autre. La ville, gigantesque, est imperceptible par l’œil humain car trop vaste, notre cerveau tente de la comprendre, de la synthétiser mais se perd rapidement dans le dédale de ses rues, dans son fourmillement chaotique. Se crée alors l’illusion : l’illusion de comprendre, l’illusion de voir. Théâtre de nos rêveries, de nos mythes modernes, les villes verticales telles que New York, Dubaï, Singapour représentent à la fois nos rêves de grandeur les plus fous mais également le cauchemar d’un monde froid, inhumain, dénué de spontanéité. 

 

            J’ai donc tenté de fixer sur la toile cette première impression, fugace, que procure a l’œil la vue des ces « skylines ». Elles procurent l’illusion de voir la ville et pourtant nous ne savons rien de ces milliers de lumières. Ces tours promettent souvent l’opulence et la démesure, et pourtant, tout cela n’est-il pas que de la poudre aux yeux ?  Ces tours, si droites, si ordonnées ne servent-elles pas uniquement à masquer le chaos de la rue ? Tout ceux qui ont un jour tenté de dormir à Manhattan se souviennent surtout des sirènes et du bruit.

 

            Le cerveau humain lutte en vain pour résoudre tous ces paradoxes que représentent ces métropoles verticales, il se met donc à divaguer, à imaginer puisque la réalité se refuse à lui, de là nait l’illusion. Et finalement, le repos et l’apaisement viennent de l’onde, à la fois obscure et mystérieuse, mais tellement plus familière que ces villes inconnues.

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SAB

Extrait du livret de l'exposition "Donner à voir" 2015

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